Depuis l’achèvement de la première session du synode sur la synodalité, la confusion semble avoir encore gagné du terrain.
L’absence de références aux LGBTQ+, à l’ordination de femmes diacres ou d’hommes mariés dans le document de synthèse du synode a semblé rassurant à ceux qu’inquiète l’évolution de l’Eglise. De plus, dans une déclaration émise dans le cadre d’un livre d’entretiens publié en juin dernier en Espagne et traduit en octobre en italien, le Pape a réaffirmé qu’il était exclu que l’Eglise puisse ordonner des femmes diacres et des hommes mariés (“Le Pasteur : luttes, raisons et réflexions sur son pontificat”, publié en italien sous un nouveau titre le 24 octobre 2023). Il faut toutefois souligner que, malgré une quinzaine d’opposants, la majorité du synode a adopté une résolution demandant d’augmenter les « responsabilités pastorales » des femmes (art 9i, 16 voix contre, 328 pour), en posant la question : « Comment l’Eglise peut-elle inclure davantage de femmes dans les rôles et les ministères existants ? Si de nouveaux ministères sont nécessaires, à quel niveau et de quelle manière ?». La porte que le Pape prétendait refermer reste donc ouverte pour les « pères synodaux et mères synodales », et la commission mise en place par François le 8 avril 2020 chargée de poursuivre la réflexion sur le diaconat féminin continue ses travaux.
Ce synode mérite à lui seul une plus ample analyse, et Lex Orandi proposera prochainement une étude exhaustive de son document de synthèse, car depuis sa clôture, l’Eglise semble s’enfoncer dans une crise doctrinale… Ce constat est fait par le Cardinal Sarah, pour qui “une véritable cacophonie règne aujourd’hui dans l’enseignement des pasteurs”. Il a exprimé ce point de vue lors de la présentation du Catéchisme publié par Monseigneur Schneider, dont les Editions Contretemps prévoient une traduction en français au 1er trimestre 2024.
Dans une récente interview accordée au site Cardinalis, le Cardinal Brandmüller, président émérite du Comité pontifical des sciences historiques, a même précisé que « le Pape peut être considéré comme criminel s’il ne respecte pas la loi ». Qu’un Cardinal, prélat institué pour assister le Pape dans sa mission, soit obligé de rappeler cela en dit long sur les doutes qui traversent l’église pendant ce pontificat…
C’est aux Etats-Unis que s’est produite une autre démonstration de la confusion actuelle. L’Evêque de Tyler au Texas a été destitué par le Pape le 11 novembre 2023, après ce qui semble un simulacre de visite apostolique au printemps dernier, à cause de ses prises de position contre la « dénaturation du dépôt de la foi » dans l’enseignement actuel du Pape. Si c’est bien pour la défense de la foi que l’Evêque américain a été destitué, alors cette destitution est un aveu. Or qu’enseigne François ? Le 25 octobre 2023, intervenant à la 18ème session du synode, il a proclamé l’infaillibilité du « peuple fidèle » en ces termes : « L’une des caractéristiques de ce peuple fidèle est son infaillibilité (…). Et je l’explique ainsi : quand tu veux savoir ce que croit la Sainte Mère Eglise, tu vas au Magistère, parce qu’il a le devoir de te l’enseigner, mais quand tu veux savoir comment croit l’Eglise, tu vas au peuple fidèle ». Cette distinction entre le contenu de la foi de l’Eglise et la manière dont elle croit apparaît pour le moins contradictoire avec la Constitution Dei Verbum du concile Vatican II qui enseigne : « La sainte Tradition et la Sainte Ecriture constituent un unique dépôt sacré de la Parole de Dieu, confié à l’Eglise ; en s’attachant à lui, le peuple saint tout entier uni à ses pasteurs reste assidûment fidèle à l’enseignement des Apôtres (…) si bien que, pour le maintien, la pratique et la profession de la foi transmise, s’établit, entre pasteurs et fidèles, un remarquable accord. » (Dei Verbum, II-10). C’est pour avoir défendu cette doctrine que Monseigneur Strickland a été destitué.
Faut-il voir une autre preuve de cette « dénaturation du dépôt de la foi » dans la décision de permettre l’accès aux sacrement à des pécheurs publics prise par la Congrégation de la doctrine de la foi ? Le 31 octobre 2023, son Préfet a publié un texte énonçant qu’en l’absence de scandale (sans définir la manière dont le scandale pourrait être constaté), les transsexuels peuvent accéder au baptême, ce qui leur ouvre la voie à l’eucharistie et à la confirmation. Ils peuvent aussi être témoins d’un mariage religieux, et les couples homosexuels peuvent demander le baptême de leurs enfants sans renoncer à vivre dans un « état de péché grave », selon les termes du Catéchisme de l’Eglise Catholique. Or, vivre en transsexuels est également vivre en état de péché, par la négation affichée du refus de l’ordre de la création sur sa propre personne. Il ne semble pas que cette contradiction pose problème. Finalement, les LGBTQ+ n’ont pas eu longtemps à se désoler de ne pas figurer dans la synthèse du synode : la Congrégation pour la doctrine de la foi leur accorde toute son attention, confirmant implicitement les propos du Pape en réponse aux Dubia publiée début octobre sur la bénédiction possible des couples homosexuels.
Dans ce temps de ténèbres pour la doctrine catholique, il est urgent de prier, de se former et de témoigner. Nos communautés attachées à la liturgie traditionnelle ne doivent pas seulement lutter pour préserver le trésor spirituel que constitue cette liturgie. Notre combat s’étend à tout le dépôt de la foi, dont nous aurons à rendre compte à notre heure dernière.
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